Haïti : Chronique d’un réveil citoyen. Une jeunesse à l’affût du changement


Par : Ralph Stherson SENAT

[Chronique 1]
Aux origines du "Printemps haïtien"


Credit : Lenov Photography
Le peuple ne dit jamais son dernier mot. C’est, en tout cas, ce que prouve le réveil citoyen haïtien cristallisé par le mouvement « Challenge Perocaribe » ces derniers temps. Au fait, l’idée de lancer un challenge pour exiger la reddition de compte relativement aux dépenses des fonds « Petrocaribe » en Haïti, tire ses origines dans une tentative de diversion lancée par un groupe d’artistes haïtiens, pour la plupart, promoteurs et publicistes des activités des pouvoirs « Tèt Kale » de Joseph Michel Martelly et de Jovenel Moïse. En fait, début aout 2018, ces artistes ont, dans un climat socio-politique ponctué de cuisants et ponctuels problèmes économiques, sociaux et politiques, lancé, ce qu’ils avaient appelé un « Push-up Challenge » contre la drogue en Haïti.  Dès son lancement, le « push-up challenge » était mis à mal par Jean Frantz Toussaint (Matyas) qui a indexé son imponctualité, notamment dans le contexte incertain de la réouverture des classes dans le pays où des parents complètement au dépourvu sont obligés d’envoyer leurs enfants à l’école. Valckensy Dessin (K-Libr) a approfondi la critique en pointant le déphasage, la superficialité et les visées cachées d’une telle initiative, notamment l’effort soutenu de détourner l’attention publique.
Le cinéaste haïtien Gilbert Mirabeau a donné une autre ampleur au désir de challenger la complexité haïtienne quand, dans un instant d’insomnie, il a eu l’inspiration de tweeter une photo de lui, avec en main, une pancarte portant l’inscription « Kote Kòb Petrocaribe a ». Contrant sa sensibilité citoyenne, Valckensy Dessin s’est lui aussi pris en photo avec une pancarte portant les mêmes inscriptions. Ainsi, partant de l’insomnie d’un homme, en passant par l’engagement d’un autre homme, de tweets en tweets, de partages en partages, tous les réseaux sociaux ont été mis à contribution et la question en langue vernaculaire haïtienne « Kote kòb Petrocaribe a » a abouti à un mouvement citoyen contre la corruption des élites et en faveur d’un changement radical dans le pays.
Désormais, il s’agit de tout un mouvement social qui implique les réseaux sociaux, la rue et des individus haïtiens de tous les âges, de tous les endroits de la planète et de toutes les catégories sociales.
C’est indubitablement le printemps haïtien qui est mis en marche ! Sans implication de mains politiciennes, la jeunesse haïtienne se dresse pour se prendre en charge et dessiner sa propre perspective d’avenir ! Le calendrier social haïtien est à la révolution…
Heureux les engagés ! Vœux de contamination d'engagement aux indécis ! Honte et opprobre sur les partisans et propagandistes du statu quo...



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