Les marges du politique et misère de la citoyenneté en Haïti | Par Géraldo Saint-Armand
Parmi les points que les penseurs travaillant sur la formation sociale haïtienne abordent, la problématique de la citoyenneté occupe une place assez restreinte, pour ne pas dire insignifiante. Pourtant, si l’on se consacre à l’article éclairant de Vertus Saint-Louis (2010), publié dans le texte collectif, dirigé par Laënnec Hurbon, L’insurrection des esclaves à Saint-Domingue (22-23 aout 1791) , l’on comprendra que, dès la genèse du mouvement révolutionnaire ayant donné lieu à l’indépendance, cette question a été déjà au cœur des enjeux politiques caractérisant la période fondatrice de la société haïtienne, allant de 1791 à 1803. Au cœur de cette période, deux termes sont employés, en vue de désigner ceux-là qui se sont accédés à la liberté, au lendemain de la déclaration de liberté générale des esclaves, prononcée par Sonthonax, et les anciens libres : il y a « celui, autrefois noble, de cultivateur qui s’appliquait au colon planteur et celui, toujours péjoratif dans l’esprit des